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13 mars 2009

Peut-on vraiment construire tous ces réacteurs ? Selon les calculs de la World Nuclear Association, 237 nouveaux réacteurs ...

INSUFFISANCE •  Peut-on vraiment construire tous ces réacteurs ?

Selon les calculs de la World Nuclear Association, 237 nouveaux réacteurs sont attendus au cours des vingt et une prochaines années. Mais la filière nucléaire ne semble pas capable d'atteindre un tel objectif.

Présenter le nucléaire comme la panacée face aux émissions de gaz à effet de serre est une chose ; parvenir à construire les installations nécessaires pour atteindre cet objectif en est une autre. Dans ses "Perspectives sur les technologies de l’énergie 2008", l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a calculé que, pour parvenir à baisser de moitié le niveau des émissions entre 2010 et 2050, il faudrait construire 32 réacteurs chaque année durant cette période, soit quelque 1 280 unités. Avec, à terme, toujours selon l’AIE, une "économie" de CO2 de 6 %.
Le bimestriel américain Mother Jones cite une étude publiée début 2008 qui indique que les réserves d’uranium exploitables dans le monde déclinent rapidement et que, évidemment, "si la filière est amenée à se développer, ce déclin n’en sera qu’accéléré". En fait, relève le bimestriel américain, "l’accès à un minerai d’uranium d’une qualité suffisante pour alimenter des réacteurs nucléaires est de plus en plus difficile : il faut creuser toujours plus profond, l’extraction est toujours plus complexe, la qualité toujours moins bonne". Avec un effet collatéral : plus l’accès à l’uranium est difficile, plus il faut employer d’engins émettant des gaz à effet de serre. "La filière nucléaire, prise de bout en bout", remarque ironiquement un ingénieur australien, "va finir par dégager autant de ces gaz qu’une centrale à gaz classique." Echapper au gaz, russe celui-là, serait l’une des vertus secondaires de la filière atomique. La crise entre Moscou et Kiev, cet hiver, a laissé des traces, et assurer l’approvisionnement énergétique devient une priorité européenne. Seulement voilà, à lire le quotidien moscovite Izvestia, l’indépendance nucléaire n’est qu’un leurre. "L’uranium russe est utilisé dans les centrales allemandes, britanniques, suisses, néerlandaises, finlandaises… Rosatom détient 40 % du marché des services d’enrichissement de l’uranium naturel. Une centrale sur six dans le monde fonctionne au combustible russe. Et la Russie ne cesse de gagner des parts de marché, en Inde et aux Etats-Unis notamment, grâce à la qualité de ses produits."

Moscou va d’ailleurs peut-être bientôt devoir fournir Pékin, dont les rêves de grandeur nucléaire se heurtent à la réalité, selon les professionnels du secteur contactés par le quotidien cantonais 21 Shiji Jingji Baodao. Ils lui ont déclaré que “les réserves en uranium de la Chine ne peuvent alimenter que le tiers des centrales nucléaires prévues pour 2020. Il va donc falloir trouver de nouveaux fournisseurs. La Chine a d’ailleurs signé en 2008 des accords d’approvisionnement avec Areva et avec le Kazakhstan.”

Autre goulet d’étranglement de la filière, la pénurie de personnels formés (techniciens et ingénieurs), “tant pour la conception et la réalisation des centrales que pour leur maintenance et leur surveillance ultérieures”, constate The Bulletin of the Atomic Scientists. C’est là un problème majeur à résoudre impérativement pour pouvoir développer cette filière. “La formation est évidemment la solution, et à tous les niveaux, pas seulement à celui des études supérieures.”
Mother Jones note aussi que, "pour certains éléments clés des réacteurs, le nombre de fabricants et leur productivité est très en deçà des besoins, notamment en matière de réacteurs de forte puissance".

Le quotidien britannique The Times, pour sa part, met l’accent sur un problème sidérurgique. Il apparaît, en effet, que les grands constructeurs de réacteurs dépendent tous du même fournisseur pour la fabrication des cœurs de réacteur, des lingots d’acier de 600 tonnes coulés tout d’une pièce. En 2006, révèle The Times, les principaux acteurs de l’industrie nucléaire (dont Areva et Toshiba) se sont inquiétés des limites de cette usine, qui appartient à Japan Steel Works (JSW) et qui ne peut produire que quatre lingots par an ! Certes, JSW a décidé d’investir lourdement afin de doubler cette production, et l’entreprise accepterait même de négocier des transferts de technologies – mais sous quelles conditions ? – pour que la production passe à douze lingots par an en 2011. Mais, même ainsi, on voit mal comment pourraient être construits les quelque 237 nouveaux réacteurs qui, selon les décomptes de la World Nuclear Association, sont annoncés pour les vingt et une prochaines années…

Eric Glover

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